Chaque année, la Journée nationale de la sécurité des chariots élévateurs nous rappelle avec force notre responsabilité collective de protéger les caristes et le personnel d’entrepôt, particulièrement dans l’une des zones les plus dangereuses de toute installation : le quai de chargement.
Les accidents impliquant des chariots élévateurs demeurent l’une des principales causes de blessures graves en milieu de travail, que ce soit dans les centres de distribution, les entrepôts ou les installations logistiques. Ce qui est le plus préoccupant, c’est que bon nombre de ces incidents pourraient être évités. Grâce à une combinaison adéquate de formation continue, de procédures de sécurité strictes et d’équipements modernes, des vies pourraient être épargnées, des blessures évitées et les opérations rendues plus sûres et efficaces.
Les vrais dangers
Les quais de chargement sont des zones à fort trafic, en constante activité, où chaque mouvement ou décision prise en une fraction de seconde peut entraîner des conséquences dramatiques. Selon l’OSHA, environ 25 % des blessures en entrepôt surviennent au niveau du quai. Plus alarmant encore, plus de 70 personnes perdent la vie chaque année aux États-Unis à la suite d’incidents liés à des chariots élévateurs, dont une grande partie survient lors des manœuvres de manutention au quai.
Plusieurs situations dangereuses peuvent survenir en quelques secondes, surtout lorsque les remorques ne sont pas bien immobilisées. L’un des scénarios les plus fréquents et dévastateurs est le glissement de remorque, soit le déplacement graduel d’une remorque sous l’effet des allées et venues du chariot élévateur. Cela peut créer un vide entre la remorque et le niveleur de quai, qu’un cariste pourrait ne pas voir à temps, entraînant une chute ou un basculement potentiellement mortel.
Un autre risque courant : la mauvaise communication entre les caristes et les conducteurs de camion. Pour gagner du temps, un chauffeur pourrait quitter le quai trop tôt, croyant à tort que le chargement est terminé. Si un chariot élévateur se trouve encore dans la remorque, les conséquences peuvent être dramatiques : le cariste et l’équipement peuvent être violemment projetés hors du camion.
Trop souvent, en l’absence de blessure, les quasi-accidents sont ignorés ou non signalés. Pourtant, ce sont de véritables signaux d’alarme. Un système de retenue mal engagé, un feu de quai ignoré, un chariot ayant failli basculer : tous sont des indicateurs qu’un correctif est nécessaire. Considérer les quasi-accidents comme de simples « incidents évités » est l’une des plus grandes erreurs qu’une organisation puisse commettre. Ce sont justement des occasions précieuses de renforcer la culture de sécurité au sein de l’entreprise.
À cela s’ajoute le manque d’équipements de sécurité modernes. Sans systèmes de retenue adéquats, sans signaux visuels ni alarmes sonores, les travailleurs doivent se fier à leur jugement, ce qui augmente considérablement les risques d’erreurs et d’accidents.
6 bonnes pratiques pour une logistique moderne et responsable
De nos jours, la sécurité ne peut être reléguée au second plan : elle doit être intégrée à chaque étape des opérations. Voici quelques pratiques recommandées pour améliorer la sécurité des chariots élévateurs aux quais de chargement :
Mettre en place des systèmes robustes de retenue par la roue
Des dispositifs de retenue des véhicules basés sur les roues, faits de matériaux résistants, équipés de feux de circulation et d’alarmes sonores, sont essentiels. En immobilisant le véhicule par son élément le plus solide (la roue), ces systèmes préviennent les glissements et départs intempestifs, tout en assurant une communication claire entre les caristes à l’intérieur et les chauffeurs à l’extérieur.
Former continuellement, pas seulement une fois
L’OSHA exige que les caristes soient formés et évalués au minimum tous les trois ans. Mais la formation devrait être continue : rappels réguliers, causeries sécurité, exercices pratiques… Il est aussi essentiel de former le personnel de supervision, les employés au quai et même les conducteurs de camion qui interagissent avec l’installation.
Établir et appliquer des protocoles clairs au quai
Élaborez des procédures opérationnelles normalisées pour le chargement et le déchargement. Par exemple : aucune remorque ne doit être accédée tant que le dispositif de retenue n’est pas en place et que le feu vert n’est pas allumé. Chacun doit connaître et respecter la séquence d’opérations.
Instaurer une culture de signalement des quasi-accidents
Encouragez vos équipes à signaler les incidents évités de justesse sans crainte de représailles. Utilisez ces données pour repérer les faiblesses de vos processus ou de vos équipements. La plupart des accidents graves sont précédés de nombreux avertissements.
Réaliser des audits de sécurité réguliers
Inspectez vos quais fréquemment. Vérifiez les équipements, le respect des procédures, l’état des installations. Utilisez ces audits comme des occasions de sensibilisation, pas seulement de conformité.
Investir dans des outils ergonomiques et améliorant la visibilité
Les chariots dotés de caméras de recul, de systèmes de vision à 360°, et de planchers antidérapants augmentent la vigilance des opérateurs et réduisent les erreurs liées à la fatigue. Les zones de quai devraient également être bien éclairées et exemptes de distractions visuelles.
Il s’agit de vies, avant tout
Oui, les mesures de sécurité réduisent les réclamations d’assurance, les temps d’arrêt et protègent les actifs. Mais, plus que tout, elles protègent des personnes. Chaque cariste est le partenaire, le parent, l’enfant ou l’ami de quelqu’un. Parler de sécurité aux quais, c’est parler de vies humaines réelles.
En cette Journée nationale de la sécurité des chariots élévateurs, prenez le temps de réévaluer vos mesures de sécurité, d’écouter vos équipes, de revoir vos registres de quasi-accidents et d’investir dans des technologies qui font une réelle différence.
Allons au-delà de la conformité. Versons-nous dans une culture de prévention, de responsabilité et de bienveillance. Car la sécurité ne devrait pas être qu’une promesse : elle doit devenir un engagement.
*Article traduit du texte Top Forklift Safety Practices at Loading Docks.
Cet article a été publié à l’origine en anglais sur le site de MHI.